mercredi 25 janvier 2017

Les écrans sont-ils voués à disparaître avec l'arrivée de Siri, Amazon Echo et Google Home ?

Tom Cruise manipule un écran translucide dans Minority Report

Avec Siri, Cortana ou les enceintes intelligentes Alexa-Echo et Google Home, va-t-on vers une disparition des écrans et un déclin de la prédominance du visuel ?


La révolution numérique a transformé le monde. Revers de la médaille, des millions d'êtres humains à travers la planète passent désormais une majeure partie de leurs journées figés devant des écrans lumineux, les yeux écarquillés. Est-ce que de nouvelles évolutions technologiques telles que Siri ou les assistants virtuels de type Amazon Echo pourraient changer la donne et nous soulager de l'omniprésence des écrans ?

Une vie passée devant son ordinateur et son smartphone : l'oeil qui pique et le coeur qui s'engraisse


Quel que soit notre travail (secrétaire, médecin, avocat, boulanger, ouvrier, greffier, DRH...) ou nos loisirs (réservation de voyages, emails, réseaux sociaux, vidéos en streaming, jeux vidéos, achats en ligne, écriture de romans, dessin, composition de musique...), la plupart d'entre nous passons une part démentielle et croissante de notre temps devant des écrans d'ordinateurs ou de mobiles.

Selon une étude TNS Sofres de 2015, les 16-30 ans passeraient, en moyenne, l'équivalent d'une journée complète par semaine sur leur smartphone, soit 2 heures par jour. Couplez cela à une journée de travail au bureau, mettons 7h devant l'écran, et à 1h de télé en soirée, et vous obtiendrez des chiffres vertigineux. Sur une journée éveillée de disons 16h (24h - 8h de sommeil), cela ne ferait plus que 6h/jour sans avoir un écran plaqué devant les yeux. Heureusement qu'il faut se rendre au boulot, faire les courses ou se nourrir hein ;)

Lumières bleues de macbooks, PC, tablettes, smartphones...

Et si passer du temps devant son ordinateur est évidemment bien moins difficile et dangereux que la fonderie, la pêche en haute mer, les courses-poursuites, le parachutisme ou la Formule 1, l'exposition prolongée à une dalle LED ou LCD, en position assise, entraîne toute une série de problèmes, tant au niveau des yeux qu'au niveau du corps lui-même :

  • fatigue visuelle  (il est conseillé de régler l'éclairage, de surveiller sa posture et de faire des pauses)
  • sécheresse des yeux provoquée par un espacement des clignements de l'oeil
  • maux de tête
  • obésité, maladies cardiaques, diabète, mal de dos ou encore cancers provoqués par la trop grande sédentarité (avez-vous pensé à travailler sur votre ordinateur en restant debout ? Cette pratique se répand)
  • problèmes plus globaux pour les utilisateurs en bas âge, il est ainsi fortement déconseillé d'exposer un enfant de moins de 2 ans à la télévision ou à un DVD : risques de prise de poids, de retard intellectuel, de passivité ou de déconcentration... Steve Jobs lui-même, l'inventeur de l'iPhone, vantait le low tech (basse technologie) en privé pour sa propre famille !

La prédominance des images, une particularité de l'Occident


Point philosophique rapide ! Frises, fresques, peintures, livres, photographies, publicités, bandes-dessinées puis écrans de cinéma, de télévision, d'ordinateurs, de consoles de jeux, de smartphones, de tablettes et de liseuses... L'Occident a toujours été friand d'images (au sens large, c'est-à-dire tout ce qui est conçu pour les yeux), et ce goût prononcé pour les représentations visuelles s'est répandu sur toute la planète avec la globalisation.

Fresque emblématique de l'art occidental par Michel-Ange, au plafond de la Chapelle Sixtine (1508-1512)

Cette attraction pour la vue s'est parfois faite aux détriments des quatre autres sens, même si des combinaisons ont eu lieu comme dans le secteur audiovisuel (image & son). On pense ainsi à Michel Onfray qui, sans pour autant négliger les arts visuels, s'est pas mal penché sur cette anémie de la civilisation dite judéo-chrétienne, pour réhabiliter :

  • le goût, avec la gastronomie, la gourmandise...
  • le toucher, avec les étoffes, certaines sculptures, la pratique de la danse...
  • l'odorat ou olfaction, avec le parfum...
  • et bien sûr l'ouïe, avec le son, la musique, la radio (tout le monde s'accorde à dire que les émissions radiophoniques de qualité permettent d'aller plus au fond des choses que la télévision, qui ne l'a d'ailleurs jamais éliminée)...

De quoi goûter, toucher, sentir et écouter !

Siri, l'assistant vocal Amazon Echo, Google Home : les nouveautés technologiques vont-elles permettre au son de supplanter les images ?


En ce début de XXIème siècle, plusieurs entreprises ont touché du doigt ce sujet et ont tâché de remettre au goût du jour l'oralité. Sans être un succès flagrant - voyez-vous vraiment beaucoup de gens dans la rue clamer à leur Android : "OK Google, décris-moi ce qu'est un topinambour ?", la technologie est en place. Pour donner quelques exemples de programmes et appareils électroniques qui comprennent les instructions orales et peuvent y répondre :


Ces produits inédits, qui présentent de nouveaux risques de dépendance et d'intrusion que l'on ne détaillera pas ici, possèdent plusieurs avantages notables :

  • nous faire passer moins de temps devant les écrans, pour éviter les complications oculaires et physiques citées plus haut, et même la lassitude de devoir passer par le filtre de l'ordinateur pour effectuer des tâches très diverses
  • nous permettre de faire plusieurs choses en même temps, comme quand on fait la cuisine en écoutant France Inter ou Jazz Radio (c'est bon ça !) Exemples : tout en repassant vos chemises ou en gratouillant votre guitare, vous pourrez acheter un slip kangourou en ligne sur H&M ou écouter le contenu d'une page Wikipédia de votre choix
  • nous faire gagner du temps, car l'intelligence artificielle effectue des tâches routinières à notre place, et même plus rapidement que nous, par exemple réserver un taxi ou une place de cinéma

Je cuisine tout en questionnant l'Echo sur ma recette lalala

Rééquilibrer l'utilisation des images et du son, un beau défi qui offre au monde digital l'opportunité de se renouveler


Évidemment, les modes se font et se défont. Et si le son devrait jouer un rôle plus important dans l'avenir, l'intelligence artificielle des assistants vocaux sera probablement combinée à des représentations visuelles : nous avons d'ailleurs consacré un sujet à la banalisation des hologrammes. Et l'on aura toujours besoin d'écrans pour visualiser une vidéo ou un long-métrage. Bref, donner une autonomie au son et faire qu'il ne soit pas qu'un complément du visuel dans le domaine du numérique, "c'est une question d'équilibre", comme dirait Francis Cabrel. Définissons un objectif : conserver les avantages apportés par les technologies numériques tout en imaginant des moyens alternatifs aux écrans.

Si je suis moi-même amateur d'images, de vidéos et de web, j'admets que pratiquer une activité sans interface est vraiment salutaire. Je finirai donc par le slogan rétro d'une émission de radio qui réunissait les dessinateurs de BD (art visuel s'il en est) Goscinny, Fred, Gébé et Gotlib en 1969 : "Nous on fait de la radio parce que ça nous repose les yeux" !


Le Feu de Camp du Dimanche Matin sur Europe 1

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